Saint Pierre Fourier, né le 30 novembre 1565 à Mirecourt en Lorraine et mort le 9 décembre 1640 à Gray (France), est un prêtre catholique et religieux augustin lorrain. Ses biographes le considèrent, d'une part comme l'un des pionniers de la Réforme catholique, dans le sillage du Concile de Trente, d'autre part comme un pionnier en matière d'éducation (promotion de l'enseignement des filles et de la méthode pédagogique dite simultanée). À l'instar du graveur Jacques Callot et de la princesse de Phalsbourg, il est également considéré comme un grand patriote lorrain. Béatifié le 29 janvier 1730 par le pape Benoît XIII et canonisé le 27 mai 1897 par le pape Léon XIII, Liturgiquement il est commémoré le 9 décembre5.
Extrait du livre : LE BIENHEUREUX PIERRE FOURIER DE MATTAINCOURTABRÉGÉ DE SA VIE ET DE SES VERTUS
Pierre Fourier naquit à Mirecourt le 30 novembre 1565 ; son père, Dominique Fourier, appartenait à la haute bourgeoisie. Ses concitoyens avaient trouvé en lui les vertus de l'honnête homme ; il jouissait d'une excellente réputation, et se tenait au premier rang dans sa ville natale. Il épousa Anne Nacquart, qui lui donna son fils Pierre et plusieurs autres enfants : Jean, Jacques et Marie ; étant devenu veuf de bonne heure, Dominique Fourier contracta une nouvelle union avec Michelle Guérin. L'aîné des enfants de Dominique Fourier fut, sans contredit, le plus remarquable, et c'est lui qui a illustré sa famille. Cependant le duc de Lorraine avait remarqué la riche nature de Dominique, la foi si profondément implantée dans l'âme de cet homme inspira confiance au souverain qui se l'attacha comme officier de sa maison, il lui donna des lettres de noblesse et la seigneurie de Charonval. Dominique Fourier était un homme de cœur, de courage, inviolablement attaché à Dieu et à son prince ; chrétien convaincu, il éleva ses enfants d'après les principes qui le conduisaient lui-même et ne leur donna que de bons exemples. On cite de lui, à son dernier jour, un trait édifiant, et qui donne une idée de son caractère. Se sentant mourir, il se découvre la tête, et comme les assistants, craignant de voir par là augmenter ses douleurs, l'engageaient à se ménager et lui demandaient la raison de sa conduite, il leur répondit en souriant : « Vous n'oseriez donner une lettre à un prince que la tête découverte et le dos courbé en signe de révérence. Hélas ! que c'est bien autre chose de la grandeur de Dieu que de celle des hommes ! Il y a tant d'années que je possède l'âme qu'il m'a donnée et que je suis prêt à lui rendre ; permettez que je lui fasse un présent de cette importance en la posture du plus grand respect qu'il me sera possible. »Dans sa première jeunesse, Pierre fut donc à même de contempler de belles vertus les exemples de son père durent déposer dans son âme les premières pensées de religion, d'honneur et de patriotisme. L'éducation de la maison paternelle, celle qu'on a si bien nommée la première éducation, exerce toujours une réelle et profonde influence sur le caractère de l'homme ; le père et la mère ne donnent pas seulement à leurs enfants la vie naturelle, ils leur donnent aussi la vie morale, et c'est là le plus beau privilège comme la plus grande charge de la paternité : donner à un enfant des principes qui feront de lui un homme, tel est le but auquel ils doivent tendre. Dominique connaissait tout ce qui avait rapport à son fils ; le petit Pierre lui racontait ce qu'il faisait dans la journée et ce qu'il apprenait à l'école ; il n'était point de ces enfants légers et capricieux qui ne peuvent s'appliquer à aucune étude ; loin de là, un caractère sérieux le portait à la réflexion et son esprit faisait pressentir quelque chose de plus qu'ordinaire. Il connaissait déjà la vertu et savait supporter un affront; un jour, au jeu de billes, il poussa mal à propos, mais sans mauvais dessein, le bras d'un de ses camarades, ce qui troubla la partie ; l'enfance se fait prompte justice, aussi le pauvre Pierre reçut-il sur-le-champ de la part de son irritable voisin un vigoureux soufflet ; loin de rendre le mal pour le mal, l'enfant souffrit et se tut, mais son innocence parlait sans doute pour lui, car, dit-on, ses camarades ne furent pas si sages et payèrent l'étourdi ; alors, Pierre montra bien que sa conduite n'était point le résultat d'une lâche timidité, il prit la défense de celui qui l'avait insulté, et, comme le dit son naïf chroniqueur, il voulut « épargner le dos de celui qui n'avait pas épargné ses joues. » Un œil attentif eût facilement découvert dans les premières révélations de la jeunesse de Pierre les destinées de cet enfant, son plus doux plaisir, après avoir construit un petit autel et l'avoir orné de son mieux, était d'y célébrer, autant qu'il était en son pouvoir, les cérémonies religieuses ; innocente récréation qui montrait les aspirations de cette âme pure et candide. A l'âge de quinze ans, il entre à l'Université de Pont-à-Mousson, alors une des plus remarquables de l'Europe, et qui enseignait à ses nombreux élèves le grec, l'hébreu, la philosophie, la littérature, le droit et la médecine. Les études sérieuses s'y alliaient, comme toujours, aux divertissements de la jeunesse, et, peut-être pour la seule fois de sa vie, Pierre Fourier sacrifia au plaisir ; la chute ne fut pas lourde, pourtant il se la reprocha longtemps ; pour célébrer la fête de Saint-Nicolas, doublement solennelle puisque le saint patron de la jeunesse des écoles l'était aussi de la Lorraine, il se laissa aller au plaisir de festoyer avec ses amis et consacra douze deniers à acheter du vin ; cette petite dépense, si naturelle un jour de fête, lui parut énorme, et il se reprocha toujours d'avoir mal employé cet argent, qu'il estimait pouvoir soulager quelque misère. Pendant cinq années, Pierre remporta tous ces triomphes d'écolier qui font le bonheur des jeunes gens et flattent la légitime ambition d'un père. Pour ce brillant élève, les succès dépassèrent l'attente de sa famille ; le bruit s'en répandit jusqu'à la cour de Nancy ; à cette époque, le pauvre enfant perdit sa mère. Ce fut un grand coup pour son cœur aimant ; Dieu voulait le fortifier pour les luttes de la vie, il lui accorda l'adversité comme étant la plus noble école des âmes ; les amis de Dieu savent reconnaître des présents d'amour là où la foule des hommes ne voit que des épreuves ou des malheurs. Anne Nacquart, profondément chrétienne, avait désiré qu'un de ses fils se consacrât au service de l'autel ; Pierre le savait, et n'oublia jamais la sainte ambition de sa mère. Ce désir correspondait d'ailleurs aux aspirations les plus élevées de l'âme du saint jeune homme : entre le cœur d'une mère et celui de son fils, il est sans doute des liens mystérieux qui disposent instinctivement l'enfant à vouloir ce que sa mère a rêvé...