Le moteur de cette petite voiture fut fabriqué par Pont-à-Mousson SA au début des années 60. La seule raison à cela est que le constructeur se voit refuser par le gouvernement de l'époque l'importation de moteur Américain. Lancé en 1954, Facel Vega s’est rapidement fait une place dans le milieu de la voiture haut de gamme, il faut dire que la marque française sait se faire remarquer avec les lignes de ses voitures ainsi que ses moteurs d’origine américaine. Cependant, la marque est encore trop élitiste et cherche désormais à viser une clientèle plus large, tel fut le but de la Facellia.
A la fin des années 1950, Facel Vega ne propose que des voitures à moteur V8, que ce soit la berline Excellence ou le coupé HK500. L’entreprise fonctionne bien mais le niveau des ventes ne permet pas encore à Facel Vega de regarder sur le long terme ni même de rentabiliser les investissements initiaux. C’est pour cela qu’en 1957, Facel Vega décide de concevoir une petite voiture destinée à une clientèle sportive pour concurrencer les Porsche 356 ou autres Alfa Romeo Giulietta. Les études de marché sont formelles, une telle voiture trouvera des débouchés à un rythme de 2.500 ventes annuelles.
Le développement de la voiture débute rapidement, mais Facel Vega butte sur la problématique du moteur : Facel Vega se voit interdire par le gouvernement de l’époque l’importation de moteurs d’origine étrangère. En effet, le gouvernement français voit d’un mauvais œil la réussite Facel Vega avec ses moteurs américains. Le dirigeant de Facel Vega, Jean Daninos, joue de ses relations avec la société Pont-à-Mousson pour la fourniture d’un moteur, cette société alimentait déjà Facel Vega en boite de vitesses. Et Pont-à-Mousson avait développé un six cylindres en 1951, la société arrive facilement à en extrapoler un quatre cylindres.
Ce moteur était donc un quatre cylindres en ligne de 1.646cm3 qui développait 115Cv, avec un bloc en fonte et une culasse à double arbre en aluminium. La boite de vitesses manuelle à quatre rapports était également d’origine Pont-à-Mousson. Avec cette mécanique, la petite Facel peut espérer atteindre les 180km/h.
Quant au reste de la voiture, la petite Facel est dans la droite lignée des voitures de la marque : châssis tubulaire, coque en acier soudée au châssis, suspension avant indépendante et pont arrière rigide. Les lignes de la voiture sont bien plus petites et à l’échelle européenne quand les coupés Facel avaient des dimensions à l’américaine. Voiture de sport oblige, la petite Facel est une propulsion et le freinage est assuré par des disques d’origine Dunlop sur le train avant.
Présentée en Septembre 1959, la petite Facel prendra le nom de Facellia. La voiture est un petit cabriolet, couvert d’éloges pour sa présentation soignée et luxueuse qui n’a rien à envier aux Facel à moteur V8. L’intérieur est lui aussi fidèle à l’esprit de la marque avec son tableau de bord dans le style aviation, recouvert de cuir noir; les fauteuils sont quant à eux formés de rouleaux de mousse. La présentation de la voiture se fait en grande pompe avec Stirling Moss comme parrain.
Avec un prix avantageux comparé à sa fiche technique et à sa ligne, la presse prédit un succès commercial pour cette « Grand Sport à la française ». Avant le démarrage de la chaine de production des Facellia qui débute dans les premières semaines de l’année 1960, Facel Vega a déjà enregistré 1.000 commandes !
Si tout semblait aller pour le mieux, la Facellia va rapidement virer au cauchemar pour Facel Vega. Les premiers exemplaires qui sont livrés à partir de l’été 1960 reviennent rapidement à l’atelier à cause de soucis mécaniques. Le moteur Pont-à-Mousson est loin d’être fiable à cause d’une conception trop rapide, et qui n’avait pas été fiabilisé. Système de refroidissement trop léger, chemises résistant mal à l’usure, distribution difficile à régler… Les soucis s’accumulent alors que ce moteur, quand il marche, est brillant dans ses performances et convient au mieux à la petite Facel.
Facel Vega revoit donc sa copie en urgence pour proposer en Mars 1961 la première évolution de la Facellia, nommée « Type F2 ». C’est à cette occasion qu’apparaissent les deux nouvelles variantes de carrosseries, un coupé 2+2 et un coupé quatre places. Pour rassurer la clientèle, le moteur Pont-à-Mousson a été renforcé, cachant les quelques changements apportés à la carrosserie (trappe à essence prenant place derrière la plaque d’immatriculation, nouvelles poignées de portes, nouveau dessin des fauteuils…).
Pour tenter de restaurer l’image de la Facellia auprès de la clientèle, la voiture est engagée en compétition avec une victoire de catégorie au rallye Monte-Carlo. Et pour démontrer que Facel Vega n’a plus peur de la fiabilité du moteur de la Facellia, la version F2S arrive rapidement avec quelques chevaux supplémentaires.
Cependant, si Facel Vega arrive à combler le déficit d’image dû aux déboires des premières Facellia, c’est sur le plan financier que la firme est mal en point. Les réparations des Facellia sont prises sous garantie et coûtent cher à la marque, d’autant qu’elles ont nécessité la mise au point d’une nouvelle version, ce qui précipite la marque au bord du gouffre. Et comme la Facellia voyait son image écornée, les chiffres de ventes sont loin de ceux initialement attendus, ne permettant pas de faire rentrer des liquidités.
Face aux problèmes de trésorerie de Facel Vega, les banques lâchent l’entreprise, une intervention de l’Etat permet de maintenir l’entreprise à flot. Maigre lot de consolation pour l’entreprise qui s’était vu imposer la fourniture d’un moteur français… En août 1961, la direction de Facel Vega évolue, et la première action est de donner à la Facellia un nouveau moteur. La société « Le Moteur Moderne » fiabilise le moteur Pont-à-Mousson et augmente sa puissance. C’est aussi à ce moment que les Facellia héritent du tableau de bord en bois alors réservés aux « grosses Facel ».
Fin 1962, la Facellia F2B est présentée avec plusieurs équipements désormais montés de série, mais rien n’y fait, les ventes ne décollent pas. Par conséquent la Facellia est arrêtée quelques mois plus tard après 1.045 exemplaires produits, la voiture cède alors sa place à la Facel III à moteur… Volvo. Tout ça pour en arriver là, d’autant que Facel Vega ne se relèvera pas de l’épisode Facellia, car à la fin de l’année 1964, la production des Facel cesse, faisant disparaitre la marque…
Textes, Photos crédito : https://lautomobileancienne.com/tag/pont-a-mousson/
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