Le secteur à l’ouest de Pont-à-Mousson fut, d’octobre 1914 à août 1915, un des secteurs le plus meurtriers de la Première Guerre mondiale. Plus de 14.000 Français et Allemands y laissèrent leur vie au cours de 132 attaques. Le président Raymond Poincaré et l’actrice Sarah Bernhardt y viendront soutenir les poilus. Nos photos d’époque à aujourd’hui.
Un lieu stratégique
Ce bois qui domine la plaine de la Woëvre du haut de ses 372 m, constitue une sentinelle avancée de la forteresse de Toul. Non seulement, il défend le passage de la Moselle et sa colline du Quart-en-Réserve mais de plus permet d’avoir des vues complètes sur les environs.
Le contexte
Après la bataille de la Marne, les Allemands lancèrent, le 8 septembre 1914, une grande attaque sur les Hauts-de-Meuse afin de contourner la place forte de Verdun et la 3e Armée du général Sarrail. Leur avance se heurta à la résistance héroïque du fort de Troyon au nord de Saint-Mihiel. Arrivée en renfort, la 73e division d'infanterie (DI) repoussa les troupes allemandes. Du 16 au 19 septembre 1914, Joffre retira du secteur le VIIIe et le XXe corps d’armée. Ce retrait, observé par les avions allemands, déclencha une nouvelle attaque le 20 septembre 1914 entre Pont-à-Mousson et Saint-Mihiel.
Les faits
Les 77e et 46e Infanterie Régiment du général Von Strantz affrontèrent la 73e DI et la 128e DI. Le même jour, la 73e DI contre-attaqua sur le flanc droit à l'initiative du général Lebocq. Le XIVe corps d'armée allemand fit face et repoussa les Français sur la ligne Martincourt-Bénécourt en deux jours.
Du 22 au 25 septembre 1914, les hommes de la 73e DI, aidés par ceux de la 128e DI contre-attaquèrent obligeant les Allemands de reculer sur 6 km de profondeur, les acculant à la lisière du Bois-le-Prêtre. Les hommes du général Lebocq y gagnèrent leur surnom de "Loups du Bois-le-Prêtre".
Les "Loups du Bois-le-Prêtre"
Le front se stabilisa ensuite entre Pont-à-Mousson et Fey-en-Haye mais il y aura cependant des combats meurtriers notamment dans les secteurs du Père Hilarion, de la Croix des Carmes et du Quart-en-Reserve.
Le 31 octobre 1914, deux bataillons français se lancèrent ainsi à l'attaque sur le débouché est de la tranchée du Père Hilarion. Ils furent stoppés sur la 1re ligne allemande fortement retranchée et bien organisée.
Le 2 décembre 1914, en vue d'une nouvelle attaque, les Français amenèrent en 1re ligne, près du Père Hilarion, quatre compagnies et une section de mitrailleuses. Après une préparation d'artillerie de deux heures, l’assaut fut lancé le 7 décembre 1914. Le capitaine Rozier avec deux compagnies parvint à occuper la 1re ligne allemande. Ceux-ci contre-attaquèrent avec six à huit compagnies et rejetèrent les Français dans leurs positions de départ.
Du 8 au 12 décembre 1914, les Français poursuivirent leur offensive. Ils progressèrent jusqu'à la crête dominant la Croix des Carmes, la crête au nord de la fontaine du Père Hilarion et la tranchée forestière de Villers.
Le 31 mars 1915, le 5e bataillon sous le commandement du commandant Rozier, fraichement promu, et le 187e bataillon attaquèrent la ligne VIII et le blockhaus allemand au Quart-en-Reserve (situé entre le Père Hilarion et la Croix des Carmes). Les Français prirent la ligne VIII, mais, malgré la reprise des combats le lendemain, échouèrent devant le blockhaus. Trois contre-attaques allemandes ne parvinrent pas à les déloger de la ligne VIII.
Une visite du président Raymond Poincaré
Après la visite du président Raymond Poincaré, le 7 juin 1915, le commandant Rozier reprit, le lendemain, avec le 5e bataillon, l’offensive à la Croix des Carmes. Elle débuta par une préparation d’artillerie de 1h30 à laquelle répondront les canons allemands. Ce duel d’artillerie aboutit à la destruction presque complète des premières lignes françaises et allemandes.
Le 4 juillet 1915, les Allemands reprirent tout le terrain gagné par les Français à la Croix des Carmes. Les tranchées françaises au Père Hilarion tombèrent également entre leurs mains quatre jours plus tard, après un violent bombardement. La contre-attaque française, déclenchée le soir du 8 juillet 1915, permit de reconquérir un peu de terrain. Le front désormais ne bougera presque plus dans ce secteur. Sarah Bernhardt viendra rendre visite aux poilus en mai 1916.
La violence des combats
Les déplacements en ligne organisés étant impossibles dans cette forêt dense, les commandements y privilégièrent l’emploi des mines et de l’artillerie de tranchées. Les soldats témoigneront de l’horreur de ces combats rapprochés (les lignes adverses sont parfois très proches : 20 mètres à la Croix des Carmes), parfois au corps à corps, des attaques surprises et des conditions de vie particulièrement difficiles dans les tranchées boueuses au milieu des débris d’arbres pulvérisés et d’innombrables cadavres.
Deux fusillés pour un malentendu
Deux soldats, Camille Chemin et Edouard Pillet du 37e régiment d’infanterie coloniale ont été fusillés près de Montauville pour désertion. En réalité, il s’agit d’un terrible malentendu.
En effet, lors des attaques, les Poilus avaient pris pour habitude de laisser derrière eux, dans la tranchée de départ, leurs sacs. C’est ainsi qu’un jour, ils furent pillés. Pour éviter que cela ne se reproduise, il est décidé que deux hommes seraient tirés au sort pour les garder. Après une nouvelle attaque, en juin 1915, le nouveau capitaine ne les voyant pas, les considère comme disparus au front alors qu’ils étaient à l’arrière avec les sacs !
Évidemment Camille Chemin et Édouard Pillet réintègrent leur régiment après les combats. Le colonel du 37e RIC les considère alors comme déserteurs. Traduits le 4 août devant un conseil de guerre, ils sont condamnés et fusillés dès le 5 août. Pour l’exemple.
Ils seront réhabilités en 1934.
La Croix des Carmes, au départ simple croix de bois, prise et reprise, devint l'un des symboles des sanglants combats du Bois-le-Prêtre. Les Français la déplacèrent pour la protéger au cimetière du Pétant. Peu après la guerre, à quelques mètres près, elle regagna son lieu d’origine et fut enchâssée dans le monument en pierre commémorant cette bataille (d’Emile Just Bachelet) qui fut inauguré le 23 septembre 1923 par Raymond Poincaré.
À quelques pas de la Croix des carmes, a été érigé un monument à la mémoire du 365e Régiment d'infanterie. Ce monument marque l'avance extrême des troupes françaises dans ce secteur.
Des vestiges des combats restent visibles sur le site : tranchées, cagnas, parapets de tir, rouleaux de fil de fer barbelé, chevaux de frise...
La Nécropole nationale du Pétant, créée en 1915 et aménagée entre 1920 et 1936, regroupe les tombes des cimetières militaires provisoires du secteur de Pont-à-Mousson (rive droite et gauche de la Moselle). Plus tard, y seront inhumés des corps de prisonniers de guerre ramenés d’Allemagne et d’Autriche.
Dans le cimetière militaire de Thiaucourt reposent les corps de 11.685 soldats allemands. Une fosse commune renferme 2.980 soldats allemands et 2.645 soldats inconnus. Quelques sépultures sont celles de soldats français connus et inconnus.
Source informations et certaine photos: https://www.estrepublicain.fr/edition-de-pont-a-mousson/2018/11/08/massacre-au-bois-le-pretre
Certaines photos source : http://patrimoine-de-lorraine.blogspot.com/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire