Jusqu'au milieu du 19e siècle, la place Thiers n'était qu'un vaste terre-plein en dehors des murs de la ville. On y trouvait alors la Poste aux Lettres, à proximité de la Porte Notre-Dame (entrée de la rue Victor Hugo), et en face, l'Auberge de "La Cloche", emplacement de la future Caisse d'Epargne. Le cadastre de 1827 nous en livre une image fidèle.
Sur le plan de 1830, la gare est absente, mais le Harino y figure. Le Harino, un vieux terme signifiant sable, évoque l'époque où les inondations de la Moselle transformaient cet endroit en marais et prairies sablonneux. Le pont aux 19 arches, érigé entre 1850 et 1856, en même temps que le chemin de fer, permettait d'évacuer les eaux de la Moselle vers des terres non cultivées : le Harino et le Champ de Mars. La route de Saint-Mihiel correspond à l'actuelle Avenue Patton et à la rue de l'Abbé Grégoire, tandis que la Grande rue Notre-Dame est devenue la rue Victor Hugo.
En 1877, un nouveau plan révèle une configuration de l'espace urbain très proche de celle d'aujourd'hui. La gare, implantée depuis 1850, a considérablement modifié l'entrée de la ville depuis Blénod et Maidières. La Caisse d'Epargne n'est toujours pas installée à cette époque, et les bâtiments ne sont que des restaurants et des auberges.
Un article de l'Est Républicain de décembre 1896 mentionne que la Caisse d'Epargne se situe rue de l'Union, aujourd'hui rue Clemenceau. C'est au numéro 18 de cette rue que l'on retrouve, de 1876 à 1898, Eugène Nicolas Thirion, caissier puis directeur de la Caisse d'Epargne. Le bâtiment n'était pas aussi majestueux ni prestigieux que celui construit plus tard place Thiers.
Dans un article de L'Est Républicain du 24 mai 1896, le conseil d'administration de la Caisse d'Epargne annonce l'acquisition de maisons pour y construire ses futurs bâtiments. Le conseil achète alors le magasin de Monsieur Wagmann, marchand de grains, afin d'y ériger le nouveau bâtiment de la Caisse d'Epargne.
En juillet 1896, la Ville de Pont-à-Mousson et la Caisse d'Epargne lancent un concours d'architectes pour la construction de la Caisse d'Epargne sur la place Thiers. Les bâtiments devront abriter la Caisse, l'Octroi, les Postes et Télégraphes, ainsi que des logements. Le devis ne doit pas dépasser 80 000 francs (environ 200 000 euros). Le concours sera clos le 15 novembre 1896.
Le 7 janvier 1897, le jury rend son verdict. Onze projets ont été déposés, portant des noms plus ou moins fantaisistes : Économie, Patri Méo, Renaissance Lorraine, Iris, un Cercle Circonscrivant un Triangle, Labor, Timbre à 1 centime, l'Abeille, Match, Pompon et Timbre à 5 centimes. C'est le projet d'Émile Toussaint, intitulé Pompon, qui remporte le premier prix.
Dix ans plus tard, la ville de Pont-à-Mousson lance un appel d'offres pour l'agrandissement de la Caisse. Il est nécessaire d'acheter le bâtiment adjacent pour étendre le bâtiment actuel. La Caisse d'Epargne acquiert alors le Restaurant de La Gare, tenu par la veuve Vincent et son nouvel époux Joseph Pinot. Les travaux, réalisés en 1911, sont effectués dans le même style que ceux de l'architecte Émile Toussaint. Il reste encore l'Auberge des Voyageurs.
La Première Guerre mondiale éclate, et de nombreux bâtiments souffrent des bombardements. Le bâtiment de la Caisse d'Epargne est fortement endommagé. Les photographies du 22 janvier 1916 montrent un édifice portant les stigmates des combats : la toiture du bulbe et les fenêtres sont éventrées. Pendant cette période tragique, les services des Postes et Télégraphes ainsi que la Caisse d'Epargne sont déplacés quelques années plus loin rue de l'Abbé Grégoire, près de la passerelle.
Lorsque la guerre prend fin, il faut reconstruire les parties détruites du bâtiment, qui est remis hors d'eau en avril 1919. Afin de montrer la continuité du fonctionnement de la Caisse d'Epargne malgré les importants travaux, il est annoncé que ses services seront réinstallés à Pont-à-Mousson dans l'hôtel de la Caisse d'Epargne, place Thiers, à partir du 1er avril 1919.
Le temps passe et la Caisse d'Epargne panse ses blessures de guerre, car la seconde fut aussi destructrice que la première. En 1979, il est décidé d'agrandir le bâtiment pour assurer un meilleur service aux usagers et clients. Le conseil d'administration rachète le café-restaurant des voyageurs, dernier bâtiment encore debout, souvenir des voyageurs prenant le train. Ce haut lieu de la place Thiers, où se déroula jadis une terrible affaire criminelle, disparaît de la mémoire collective pour laisser place à l'extension moderne de la Caisse d'Epargne. Aujourd'hui, le bâtiment a été partiellement vendu le rez-de-chaussé reste la propriété de la Caisse d'Epargne tandis que les deux étages au dessus on été vendu pour en faire des logements de grand standigue. C'était l'histoire d'une époque passé qui aujourd'hui fait parti de notre histoire locale.
Aujourd'hui le bâtiment divisé en 3 parties |
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