Le monastère de Pont-à-Mousson est une fondation des Annonciades de Ligny -en-Barrois, et de trois Sœurs grises. Les annonciades s’établissent à Pont-à-Mousson en 1623, grâce à la protection d’Henriette de Lorraine, soeur de Charles IV de Lorraine. Elle cultivait une grande dévotion envers saint François d’Assise.
Au cours de l’année 1622, Nicolas de Raucourt et son épouse Françoise de Saintignon cède aux religieuses le terrain sur lequel elles élèvent leur monastère avec l’assentiment des échevins de la ville, daté du 21 janvier 1623, renouvelé le 4 septembre 1626. Celui de l’Evêque de Toul arrivera deux ans plus tard, le 23 octobre 1625. Charles IV de Lorraine confirme la fondation le 1er février 1624. Les religieuses ont peu de relations avec l’extérieur, se contentant d’exercer la charité envers les pauvres.
La communauté est gouvernée par les Frères Mineurs de la Province de France Parisienne. Elles vivront de rentes et de leur travail car les Magistrats de la ville ne veulent en aucun cas que les sœurs soient à la charge des habitants. Au cours des années 1627, 1638, 1644, 1700, 1745, les sœurs agrandissent leurs bâtiments.
En 1651, les religieuses, au nombre de 40, sont réduites à une extrême nécessité. En considération de leur piété et de leur vie exemplaire, le Roi, sur le conseil de la Régente, demande à l’Intendant de la Justice et des Finances de Lorraine de veiller à ce qu’elles soient exemptées de certains impôts, ainsi que leur confesseur qui serait obligé de les quitter. Ces exemptions sont confirmées en 1653-1655.
En 1654, le marquis de la Ferté, maréchal de France, lieutenant général de l’armée du Roi en Champagne, et Duché de Lorraine, met les Annonciades et tout ce qui leur appartient sous la sauvegarde de Roi et sous la sienne, défendant aux soldats de piller ou même simplement de loger dans leurs bâtiments, ou de leur faire payer une contribution de quartier d’hiver.
En 1666, les religieuses sont dans une telle misère qu’elles se voient obligées de rompre leur clôture pour gagner leur vie. Pour éviter cela, elles supplient donc le duc de Lorraine de les décharger de l’impôt de 1 franc par quarte de blé qu’on porte au moulin pour moudre. L’exemption leur est accordée.
En 1667, en raison toujours de leur pauvreté, les religieuses demandent et obtiennent des amortissements pour posséder une ferme.
En 1690, elles sont obligées de vendre une maison afin de pouvoir payer certains impôts.
Pour avoir des revenus supplémentaires, les sœurs vont accueillir quelques pensionnaires. Celles-ci pouvaient avoir des exigences. Ainsi, en 1726, mademoiselle Thérèse Mougin entre chez les Annonciades comme pensionnaires perpétuelle, avec des conditions : elle n’est pas soumise à l’obéissance en ce qui concerne les règles de la religion ; elle aura une chambre chauffée pour elle seule ; elle désire manger des aliments gras en tout temps, sauf les jours de jeûne obligatoire etc.
En 1737, l’état des charges et des recettes montre un revenu modeste pour nourrir, habiller, chauffer, soigner 21 religieuses de chœur, 4 converses, la plupart infirmes à cette époque, sans parler de 5 pensionnaires, elles aussi infirmes.
Le 14 janvier 1742, sur ordre de leurs supérieurs, les Annonciades rédigent un mémoire sur la fondation de leur monastère, destiné à leurs supérieurs. Le monastère, écrivent-elles, doit son établissement au courage de trois religieuses, Tertiaires de Saint-François du couvent d’Ormes. Ce sont les sœurs Françoise des Séraphins, Marie de Saint-Antoine et Marie de la Croix. S’étant d’abord consacrées à Dieu dans ce couvent d’Ormes, elles en sortirent parce que ce n’était pas un monastère cloîtré. Or, elles aspiraient à une vie conventuelle cloîtrée. À l’époque, les provinciaux franciscains, celui de France Parisienne entre autres, appliquaient les directives du Concile de Trente pour la vie religieuse féminine : les pères conciliaires désiraient la clôture pour toutes les religieuses. Nos trois sœurs rencontrent donc de la part de leurs supérieurs franciscains un bon accueil. Ceux-ci leur proposent donc de rejoindre les quelques sœurs Annonciades de Ligny en Barrois, venues fonder un monastère de leur Ordre à Pont-à-Mousson.
Elles rencontrent, poursuit le mémoire, de grandes difficultés, elles se soutiennent par leur grande confiance en Dieu et trouvent enfin les secours qu’elles cherchaient. Le mémoire nomme bien sûr leur protectrice Henriette de Lorraine, déjà citée ci-dessus.
« Le monastère de l’Annonciade de Pont à Mousson est recommandable pour l’éminente piété de plusieurs filles qui y ont vécu et qui sont mortes en odeur de sainteté », note le mémoire.
Le monastère était comme « une sainte source d’où on a tiré en différents temps les religieuses d’un mérite distingué pour porter l’esprit de la Règle dans les deux monastères de Neufchâteau et Vaucouleurs. »
Depuis la fondation (1623) jusqu’à la date du mémoire (1742), il y a eu 54 religieuses professes. Les effectifs de la communauté ne sont donc pas importants. En 1742, elles sont 25, y compris 3 sœurs converses et 1 novice.
Les sœurs « subsistent autant par le travail de leurs mains que par leur rentes qui ne sont pas fort considérables ».
Le mémoire est signé par soeur Marie Jésus Velette, supérieure, Sr Ursule Jaenon, vice-gérante et soeur Marie…
Au début de la fondation le recrutement se fait dans l’aristocratie. A la fin du 17ème et au 18ème siècle, il revêt un caractère plus bourgeois.
En 1745, le livre des recettes de la communauté montre le genre de travail que font les sœurs : raccommodage du linge des pensionnaires des jésuites ; tapisserie ; ornements remis à neuf ; confection de chemises, de mouchoirs, de chemises d’homme ; blanchissage de la sacristie des Jésuites ; confection de deux aubes, quarante rochets pour les pères de la paroisse de Saint-Antoine ; 4 chemises pour les Jésuites etc. Elles font aussi des gants, des manchettes brodées, de la broderie sur mousseline, des tabliers brodés au tambour ; dévidage du coton, façonnage d’une paire de souliers, blanchissage de la sacristie des Pères Carmes etc. Les pensionnaires leur procurent également quelques revenus. Mais, à partir de 1774, elles n’ont plus un seul travail de sacristie ou de blanchissage, rien que des broderies, de la tapisserie, confection de bas de fil ou de soie.
Le 28 avril 1743, elles reçoivent une aide pécuniaire pour la sacristie, en vue de la cérémonie en l’honneur de la béatification de sainte Jeanne : ornements, argenterie etc. En effet, le décret de béatification étant paru en 1742, les monastères de l’Ordre ont organisé à cette occasion des Triduum.
En 1770-1771, dans le livre des dépenses on peut lire : dépenses pour la sacristie, pour des réparations, pour acheter du bois et du charbon, dépenses pour la cuisine, pour le médecin, le boucher, dépenses pour acheter du blé, du beurre à saler, pour acheter du poisson blanc, du lait, pour acheter des poulets, etc., dépenses pour secourir les pauvres, pour des messes… Et puis, il y a les dépenses de carême : achat de morue, de fromage, de hareng. En janvier, on achète des marrons, du tabac en poudre.
En 1775, les sœurs font imprimer 800 billets pour les fêtes de sainte Jeanne et de l’Annonciation et dépensent 2 154 livres pour des réparations.
En 1790, la situation matérielle est précaire. Des réparations urgentes sont à faire mais, faute de moyens, les religieuses ne peuvent les entreprendre.
En 1792, elles sont encore 13 sœurs de chœur, 5 converses. Toutes désirent rester en leur état religieux et refusent de prêter serment. Plusieurs sont ainsi arrêtées et emprisonnées.
Le monastère et l’église ont été vendus en deux lots avec le cimetière et le jardin. Ce fut seulement en 1842 que les ossements des religieuses décédées furent exhumés et transportés au cimetière communal.
Il correspond aux numéros 14 à 22 de la rue Pasteur.
L'église au numéro 14 de la rue Pasteur. Vendue comme Bien National à la Révolution, elle a été totalement défigurée. Il reste néanmoins la structure complète. De chaque côté, les pilastres sont ceux d'origine et permettent de déterminer les dimensions de l'église : environ 10 mètres de largeur. L'ensemble était surélevé, mais le sol de l'église était légère me Situation de l'église. Le jardin actuel est en fait le jardin du couvent et donnait directement sur la rue Sainte-Croix (aujourd'hui rue Fabvier) dans laquelle se trouvait l'église de la paroisse. nt plus bas que la dernière marche du perron actuel.
Situation de l'église. Le jardin actuel est en fait le jardin du couvent et donnait directement sur la rue Sainte-Croix (aujourd'hui rue Fabvier) dans laquelle se trouvait l'église de la paroisse.
Le 26 octobre 1778, eut lieu une crue exceptionnelle. Le curé de la paroisse Sainte-Croix en retrace les faits. Devant la montée des eaux le tabernacle est mis à l'abri puis déposé dans l'église des Annonciades, qui surélevé, n'a pas été inondée, tout comme lors de la crue de 1734. Jusqu'au 29 novembre 1778, la messe paroissiale sera célébrée chez les Annonciades.