C’est l’histoire d’un jeune Mussipontain de 17 ans, Robert Heckmann, qui sauta en 1945 sur les Pays-Bas pour les libérer du joug nazi. Assen, une ville de ce pays, s’apprêtait à lui rendre hommage, 75 ans après sa mort, avant que le Covid-19 ne l’en empêche.
Le Mussipontain Robert Heckmann devait être célébré avec ses camarades parachutistes le 10 avril aux Pays-Bas, où les visages des soldats français pavoisaient les rues.
Que pouvait-il se passer dans la tête du Mussipontain Robert Heckmann, 17 ans, lorsqu’il sauta sur les Pays-Bas occupés par les nazis, le 8 avril 1945 ? Revit-il sa vie défiler, si courte, deux jours plus tard, lorsqu’il fut tué dans une escarmouche avec l’armée allemande ?
Cette existence brisée nette par la guerre, la ville d’Assen (province de Drenthe, Pays-Bas) devait la célébrer le 10 avril, 75 ans jour pour jour après sa mort, grâce notamment au travail d’un ancien policier reconverti en historien, Bert Staats.
Deux membres de la famille de Robert Heckmann devaient assister aux cérémonies organisées pour lui (une stèle en sa mémoire devait être inaugurée) et ses 32 compagnons tombés pour libérer la ville.
Un frère bouleversé par cette mort
« Mon père, Jean-Marie, était le frère de Robert et ils n’avaient qu’un an d’écart. Il a été bouleversé par sa mort et a toujours évité d’en parler », confie Serge Heckmann, neveu de Robert. Le désormais Sudiste aurait dû être accompagné de sa cousine, Odile Poitier. Une famille éclatée dans toute la France et qui avait presque oublié ses racines mussipontaines.
Robert Heckmann était né à Pont-à-Mousson le 30 avril 1927, avant-dernier d’une fratrie de dix enfants. Sa mère décédant en 1932, à l’âge de 37 ans, son père confie les quatre derniers à un orphelinat, dont la plus petite, Marie-Amélie, la mère d’Odile, n’était âgée que de 18 mois. « Il se raconte que sa mère, Ernestine, au moment de mourir, avait émis trois vœux. »
Les garçons se retrouvent à l’orphelinat Jules-Colombé, les filles à l’abbaye des Prémontrés où la vie semblait difficile pour les enfants. « Un jour, Maman n’avait pas mangé ses poireaux. Les sœurs lui ont resservi, et rien d’autre, les jours suivants jusqu’à ce qu’ils pourrissent et qu’elle les mange », raconte Odile Poitier.
Un vœu posthume ne sera pas réalisé
Le contexte familial est lourd. Dominique Heckmann, neveu de Robert, parle d’un « climat insécurisant et de grande pauvreté, émaillée de nombreux drames ». Le père est mécanicien, puis lamineur à « l’usine de Pompey ». Il se raconte que sa mère, Ernestine, au moment de mourir, avait émis trois vœux dont ceux qu’Henriette ne reste pas avec son père et que Robert ne monte jamais dans un avion…
Le 6 mars 1944, l’adolescent se retrouve en Dordogne, où il intègre les Francs-tireurs et partisans (FTP). Le 28 novembre, il s’engage dans les chasseurs parachutistes de la France libre et passe son brevet de parachutisme le 10 décembre.
Quatre mois plus tard, il saute sur les Pays-Bas dans le cadre de l’opération Amherst. Il y trouve la mort. Le 24 septembre 1949, il rejoindra la terre qui l’avait vu naître et repose depuis dans le caveau familial, au cimetière de Pont-à-Mousson.
Robert Heckmann avait rallié les Francs-Tireurs Partisans le 6 mars 1944 avant de s’engager comme parachutiste dans l’armée le 28 novembre. Son état de service fait état d’une blessure en juillet de cette année
Robert, à gauche, avec son frère Jean-Marie. Tous deux connaîtront l’orphelinat Jules-Colombé, dont ils garderont un souvenir très désagréable.
À la mort de leur mère, en 1932, les enfants les plus jeunes ont été placés en orphelinat : les garçons (Robert est en bas) à Jules-Colombé, les filles dans un autre établissement. Les garçons reviendront vivre avec leur père et sa nouvelle compagne, quelques années après mais pas les filles.
Une partie de la famille Heckmann (Robert se trouve dans les bras de sa sœur Madeleine). Ces documents proviennent de la famille de Robert dont certains neveux se sont passionnés pour l’histoire de cet aïeul, comme Dominique, Serge, Robert (baptisé en souvenir de son oncle) ou encore sa nièce Odile Poitier.
La famille de Robert, qui habitait rue du camp puis rue de la Fontaine Rouge, comptait dix enfants, qui ont été séparés à la mort de la mère (en bas à gauche, tenant Robert dans ses bras). Le père était mécanicien puis lamineur à l'usine de Pompey.
La ville d’Assen, capitale de la province de Drenthe où est mort Robert Heckmann, avait commencé à célébrer les 33 Français morts pour sa libération. Les cérémonies, dont l’inauguration d’un monument en la mémoire du Mussipontain.
Ci-dessous son nom apparaît sur le monument aux morts de la ville de Pont-à-Mousson
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