Cela fait sept printemps que Pont-à-Mousson renoue avec son âme médiévale. Sept années où l’île d’Esch, ce rectangle de verdure offert à la communauté, se mue en un territoire clos, une seigneurie éphémère régie par l’étalon-or. L’ironie est savoureuse : pour célébrer une époque où la terre appartenait au seigneur, on privatise allègrement un bien public. Le principe est d’une simplicité presque brutale : il suffit d’ériger un portique et de fixer un prix d’entrée pour que l’espace de tous devienne le jardin de quelques-uns.
L’organisateur, le groupe Touroul Bouroul, main dans la main avec la municipalité, déploie un faste convaincant. Campements, rapaces, spectacles équestres et un marché de vingt-neuf exposants composent un décor de carton-pâte des plus crédibles. On y viendra costumé, bien sûr, et cette fantaisie vestimentaire vous vaudra le droit de franchir les portes sans bourse délier. La gratuité devient ainsi une récompense pour le jeu de rôle, une aumône faite à ceux qui acceptent de jouer le spectacle. Le quidam en jean et t-shirt, lui, devra s’acquitter d’un tribut de trois à cinq euros. C’est une forme de discrimination délicieusement arbitraire : la bourse ou la livrée.
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Image emprunté à la commune de Pont-à-Mousson pour illustrer l'article |
On se prend à rêver d’une prairie en périphérie, où la contribution demandée aurait le mérite de la logique. Mais non. Il fallait que la fête s’installe au cœur même de la cité, dans ce parc qui devrait rester un lieu de passage et de flânerie pour tous, y compris pour celui qui ne souhaiterait qu’y respirer l’air du soir, sans se soucier des chevaliers du Ménil Saint-Michel.
Le spectacle, dit-on, est exceptionnel. Sans doute. Mais le véritable spectacle, le plus navrant, est peut-être cette mue temporaire, cette alchimie qui transforme un droit en privilège. La Mairie, gardienne des biens communs, offre ainsi à ses administrés une leçon d’économie médiévale : la liberté a un prix, et l’accès au rêve, fût-il en cotte de mailles, se monnaie. Les temps sont durs, même pour les chevaliers de l’intérêt général.
Le spectacle, dit-on, est exceptionnel. Sans doute. Mais le véritable spectacle, le plus navrant, est peut-être cette mue temporaire, cette alchimie qui transforme un droit en privilège. La Mairie, gardienne des biens communs, offre ainsi à ses administrés une leçon d’économie médiévale : la liberté a un prix, et l’accès au rêve, fût-il en cotte de mailles, se monnaie. Les temps sont durs, même pour les chevaliers de l’intérêt général.
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