vendredi 01 1994

Chronique de guerre 14/18

Dans sa mission de la connaissance sur la Grande Guerre, la Mission du Centenaire 14-18 a publié sur son site internet un document étonnant et exceptionnel. Il s'agit d'images filmées en 1915 en Meurthe-et-Moselle après les combats de Bois-le-Prêtre. Laurent Véray, historien du cinéma, interrogé par Le Monde, explique qu'il a vu ce film pour la première fois en 2009. Ce rush* vient alors d'être confiés à la BDIC (Bibliothèque de documentation internationale contemporaine). Pour lui, il s'agit d'un document original car on y voit des soldats confronter directement à la mort de masse. On les voit notamment empiler des corps sur une charrette. Sans doute la scène la plus particulière du film.


Toujours selon Laurent Véray, cette scène de la charrette, tournée à la Croix des Carmes a été reprise au cinéma dans le film de Jean Aurel "14-18" de 1963. Il suppose que le réalisateur, en effectuant des recherches pour la réalisation de son long-métrage, a pu utiliser ces archives dans son documentaire avant qu'elles ne retombent dans l'oubli pour rejaillir à nouveau comme un témoignage inédit. Il se pourrait même, hypothèse de l'historien, que les rayures que l'on aperçoit sur cette séquence soient dues à ce visionnage.

Bois-le-Prêtre : des combats et un général



Le général Henri Lebocq

Plusieurs éléments ont permis de définir les lieux où ont été tournées ces images. D'abord une lettre qui date probablement du dépôt du film. Une lettre dans laquelle une femme parle de son frère ayant combattu dans le secteur de Pont-à-Mousson. Ensuite certaines images qui permettent d'identifier le village de Jezainville. Enfin, un plan du général Lebocq qui commandait alors 73ème division qui mena plus d'une centaine d'offensives au Bois-le-prêtre d'octobre 1914 au 15 août 1915. Des combats qui firent plus de 7000 tués du côté français, autant du côté allemand. Bois-le-Prêtre prit alors le surnom de "Bois des veuves".

Un film que j'ai trouver sur internet sans musique, sans son comme à l'époque... On peut apercevoir l'église de Jezainville...


Bombardement du 11 août 1914

“Pont-à-Mousson a été bombardé à 10 heures du matin par de l’artillerie lourde … des centaines d’obus sont tombés sur la ville, tuant et blessant des habitants et démolissant des maisons; l’effet de ce bombardement a été nul sur la patriotique population de Pont-à-Mousson. Il faut remarquer que Pont-à-Mousson est une ville ouverte et qu’aucun peuple civilisé ne se permettrait de bombarder une ville ouverte. Les Allemands ont mis le comble à leur sauvagerie en faisant tomber des obus sur le collège et l’hôpital. De pareils procédés soulèveront l’indignation du monde civilisé.” Communiqué de la guerre du 13 août 1914.

Martyrs civils

A Vandières, le 21 septembre 1914, le curé, l’Abbé Jules Mamias et plusieurs de ces concitoyens, M. Fayon âgé d’une soixantaine d’années, M. Durand et deux jeunes gens de vingt ans, Périllat et Boussardin ainsi qu’un enfant de 15 ans furent brutalement saisis par les Allemands et conduits du côté de Bayonville. Là, dans un champ, à cinq mètres de la route, ils leur font creuser leur fosse et les fusillèrent. Est Républicain (1919) article sur l’exhumation des corps.

Les Loups du Bois-le-Prêtre

“Au Bois-le-Prêtre, sur les hauteurs qui dominent la Moselle au Nord-Ouest de Pont-à-Mousson, sur quatre kilomètres, du premier octobre 1914 au 15 août 1915, 132 offensives furent menées par la 73ème division commandée par le Général Lebocq, aidé de la brigade mixte, dite de Toul, sous les ordres du Général Riberpray. Ces unités comptaient parmi les meilleures : on les appela «les Loups du Bois-le-Prêtre.» Elles étaient assistées de trois formations d’artillerie et d’éléments du 10ème Génie. Elles furent remplacées en 1915 par la 16ème Division Coloniale. Au cours de ces combats acharnés, les pertes furent lourdes : plus de 7000 tués du côté français, autant chez les Allemands qui donnèrent au Bois-lePrêtre le surnom de «Witwenwald», le Bois des Veuves.” Pierre LALLEMAND dans “Un siècle de vie quotidienne à Pontà-Mousson, 2001  

 “Le Bois-le-Prêtre, ce 4 mai 1915, en gravissant, à travers les sentiers d’épines fleuries, où la canonnade ne s’arrête pas, où nous avons tous les amis, où les officiers et les soldats d’infanterie, au prix de sacrifices héroïques, pied à pied, gagnent du terrain chaque jour, chaque nuit, reçoivent et repoussent les furieux assauts allemands” Lettre de Maurice Barrès. “De toutes les visions d’horreur que la guerre m’a offerte, c’est au Bois-le-Prêtre que j’ai vu peut être les plus effroyables” Raymond POINCARÉ lors de la visite à Pont-à-Mousson du 2 juin 1915

“Nous sommes couverts de boue des pieds à la tête; c’est une vie sale et misérable au delà de toute description… on dort sous terre, on se couche et on mange dans la boue,; nos mains, notre figure, nos uniformes et surtout nos pieds en sont enduits… l’impossibilité de se laver, même les dents, car l’eau -sauf la pluie, est rare - et il est interdit de la boire… A.C. Champollion, américain engagé volontaire, tué d’une balle dans la tête le 23/03/1915. 


Population de Pont-à-Mousson
-Juillet 1914 : 14000 habitants
-Décembre 1914 : 5000 habitants
-Juin 1915 : 2500 habitants. 


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